Par Paul Molga, Les Echos, 09.03.2015. « Grâce à la compréhension des mécanismes d'entente cordiale entre espèces, l'arsenal anti-infectieux s'enrichit de stratégies inédites. »
« C'est un concept thérapeutique totalement inédit que va explorer la start-up Arthrobac Pharma, dont les statuts seront déposés cette semaine par Aix-Marseille Université : l'utilisation combinée d'un antiparasite et d'un antibiotique pour venir à bout des poux de tête qui infectent chaque année plus de 100 millions de cuirs chevelus sur la planète. Les parents le savent : éliminer cette vermine tient de l'exploit sanitaire. D'autant que le traitement insecticide de référence pourtant puissant, la perméthrine, est de mieux en mieux supporté par ces intrus. Dans de nombreux établissements scolaires, les chercheurs ont même observé des taux de résistance proches de 100 %. »
« La stratégie alternative d'Arthrobac Pharma exploite les mécanismes de symbiose. « Nous ne nous attaquons pas à l'arthropode, mais à la bactérie avec laquelle il cohabite », explique le microbiologiste Jean-Marc Rolain, cofondateur de cette entreprise avec l'infectiologue Didier Raoult. Dans le catalogue de parasites séquencés au début de la décennie par un consortium international de recherche auquel ils ont participé, les scientifiques phocéens ont découvert que le pou abrite une bactérie, nommée Candidatus Riesia pediculicola, indispensable à sa survie car elle synthétise la vitamine B5 qu'il est incapable de fabriquer. « C'est son talon d'Achille, s'enthousiasme Jean-Marc Rolain. En s'attaquant à elle, on va affaiblir les défenses immunitaires du pou pour rétablir l'efficacité des antiparasites. » Un brevet a été déposé, la preuve de l'efficacité clinique de la formulation a été faite et un traitement par voie orale pourrait être proposé dès la fin de cette année. »