Les États Généraux de l’Alimentation ont consacré l’agriculture biologique comme la réponse des pouvoirs publics à la défiance du consommateur envers son assiette. Et les politiques n’ont pas été les seuls à surfer sur l’engouement du consommateur pour un mode de production qui répond à la demande de naturalité et de sens de notre époque.
La grande distribution et l'industrie alimentaire ont annoncé des investissements massifs pour capter la manne économique générée par la croissance de l'agriculture biologique. Mais cet engouement ne pouvait laisser sans réaction les acteurs historiques de ce marché qui viennent d'ouvrir officiellement la guerre du bio.
En effet, qui pouvait imaginer que des acteurs, dont le bio est le fondement du business model depuis 30 ans, allaient laisser Carrefour, Leclerc, Herta ou encore Danone s'emparer d'un marché de 8 milliards d'euros. Car face aux acteurs historiques, un rouleau compresseur est en marche : si la distribution spécialisée bio a connu une croissance de 15 % en 2017, en grande distribution la croissance du bio était dans le même temps de 27 %. Et même si la taille du gâteau augmente, offrant pour l'instant des potentiels de croissance pour tous, il y a derrière cette guerre économique une guerre pour préserver l'image du bio.
Cette crainte de dilution du bio est à l'origine de l'avis que le CESE vient d'adopter. Cet avis recommande la création d'un label bio local et équitable. Un label qui selon eux reviendrait aux sources des valeurs de la bio, et qui distinguerait le bio "industriel" du bio "originel", et qui se placerait au-dessus du label européen. Avec à la clé un surplus de complexité pour le consommateur et des débats sans fin sur ce qui relève du "vrai" ou du "faux" bio. Sans parler de la guerre sémantique entre "la bio" qui serait porteuse des valeurs fondatrices de l'agriculture biologique, et "le bio" pour qui qualifierait tout ce qui a un lien avec de l'industriel.
Via Organic'Vallée