L'eau sous haute surveillance, au Réseau de Stations d'Alerte de Haute-Garonne | La lettre de Toulouse | Scoop.it

La ressource en eau est un marqueur sensible d’un territoire. A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau ce 22 mars, le département de Haute-Garonne présente un dispositif important de sa politique de l’eau : son Réseau de Stations d’Alerte chargé de surveiller l’eau potable.

 

Pour alimenter en eau potable près d’1,4 millions d’habitants, la Haute-Garonne dispose de quinze usines de traitement dont trois alimentent plus de 50% de la population. Avec une spécificité que souligne Nicolas Sauthier, Responsable du pôle de gestion des alertes sanitaires à l’Agence régionale de santé (ARS). « Dans le département, plus de 90% de l’eau consommée est de l’eau de surface (fleuves, canaux, rivières et barrages) quand la moyenne française est à 33% ce qui implique une surveillance accrue de la qualité de l’eau potable d’où la mise en place il y a vingt ans d’un réseau de stations d’alerte chargé de surveiller en continu les ressources provenant de la Garonne ».

Le dispositif intègre actuellement six stations d’alerte dont quatre sont gérées par le Conseil départemental pour un budget annuel de 500.000 euros. Trois sont situées sur la Garonne à Montespan, Saint-Julien et Toulouse (au Bazacle) et une à Lherm sur le canal de Saint-Martory. Les deux autres stations sont gérées par Veolia et se situent sur la Garonne à Portet-sur-garonne et sur l’Ariège à Lacroix-Falgarde. Equipées d’analyseurs en continu, ces stations scrutent 24 heures sur 24 heures la qualité des eaux brutes dans l’espace et dans le temps.

Détecter une pollution et alerter

« Nous surveillons dix paramètres tels que le niveau d’eau, le pH, la température, le Carbone organique total, l’azote ammoniacal et les hydrocarbures dissous », précise Patrice Paiusco, chef de service au sein du laboratoire départemental 31 EVA (Eau Vétérinaire Air) qui exploite le réseau. « Les données sont sur un serveur web à disposition des traiteurs d’eau, industriels,collectivités locales etc. En cas d’alerte, notre équipe prévient les autorités sanitaires ainsi que les exploitants d’unités d’eau potable. »

« Ces stations sont utiles pour détecter une pollution, le plus fréquent étant un déversement d’hydrocarbures, par exemple à l’occasion du démantèlement d’un ancien site industriel. Egalement pour suivre une pollution accidentelle comme cela a été le cas après l’accident de l’usine AZF en 2001 », ajoute Nicolas Sauthier. Une nappe d’azote ammoniacal s’était propagée sur la Garonne entrainant des perturbations dans le réseau d’alimentation en eau potable des habitants désservis par les stations d’eau potable situées à l’aval de Toulouse.

 

Connaitre et préserver le milieu

Au-delà de la surveillance, ce réseau est un outil précieux pour la préservation de la ressource. « Les études de risques que nous réalisons permettent de définir les paramètres à surveiller avec du sur-mesure selon les stations », explique Patrice Paiusco. « Le Réseau est important aussi dans la connaissance du milieu, les mesures réalisées permettant de connaitre la variabilité de la ressource dans l’espace et dans le temps ». De quoi mettre en évidence des variations ou des phénomènes naturels sur différentes échelles de temps difficilement observables sans ces moyens.

le Réseau de Stations d’Alerte est hautement impliqué dans la réflexion menée actuellement au sein du département de Haute-Garonne pour construire Schéma départemental d’alimentation en eau potable pour 2030. Dans le contexte du réchauffement climatique, l’eau est désormais au centre de toutes les attentions. Selon les prévisions de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, 1,2 milliards de mètres cubes d’eau viendront à manquer dans le Bassin d’ici 2050.


Aurélie de Varax