Laurent Chateau : « Entrons dans l'ère de la Tao-entreprise » | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Laurent Chateau vient de fonder Tao&Organisation, une entreprise toulousaine de conseil en organisation qui propose un mode d'emploi inédit pour améliorer la performance de l'entreprise. Chaque outil puise son origine dans la sagesse traditionnelle chinoise. Rencontre. 

 

Mi-sage, mi-business man. Et pourquoi pas ? Laurent Chateau a pratiqué le monde économique de l’entreprise pendant 25 ans, à des fonctions de direction et de consultant. Et en parallèle le monde énergétique des arts martiaux qui l’ont initié à la sagesse chinoise. Aujourd’hui il construit un pont entre ces mondes cloisonnés, en formant des formateurs aux outils de la Tao-entreprise qu’il présente dans son ouvrage : la Tao-entreprise.

Le Tao-dirigeant, la Tao-entreprise, qui sont ces nouveaux ovnis ?
Laurent Chateau : Nous sommes dans des sociétés souffrantes, et je suis tenté de dire, « stagnantes ». L’individu souffre, les organisations souffrent et la société souffre (chômage etc). La question est : comment soigner chacun en s’inspirant de la tradition chinoise ? Une tao-entreprise est une entreprise qui prend sa part du monde. Elle n’a pas envie de réussir toute seule mais d’amener avec elle une partie de la société. Elle voudra faire le bonheur de ses salariés et dirigeants, mais aussi obtenir la satisfaction de ses clients, actionnaires et fournisseurs. Elle n’engagera pas de relation hostile aux concurrents. Nous sommes dans une vision holistique qui, en plus, respecte le monde vivant dans l’espace (la planète) et dans le temps (les générations futures).

Peut-on dire que la mise en oeuvre du développement durable dans l’entreprise est la version occidentale de la sagesse taoïste ?
Le développement durable est un concept vieillissant qui ne fait plus briller les yeux. Il est difficile d’identifier les entreprises qui sont vraiment dans une démarche propre par rapport à la démarche de greenwashing. Ce qui manque dans le développement durable, c’est le sens. On fait souvent du développement durable parce qu’il faut en faire. C’est un projet souvent dilué parmi d’autres priorités alors que, fondamentalement, cela devrait être la colonne vertébrale de l’organisation. Ce qu’apporte la sagesse chinoise, c’est ça : la recherche de l’harmonie au niveau des hommes, mais aussi du fonctionnement de la structure, et dans la relation qu’elle entretient avec ses fournisseurs, l’environnement et aussi la société civile. Alors l’entreprise devient une part du Tout, elle devient un acteur de la construction d’un monde harmonieux.

Quels sont les modèles occidentaux qui se rapprochent de la Tao-entreprise ?
J’ai passé en revue la plupart des théories managériales du moment et j’ai regardé sur les 18 touches de la tradition taoïste, combien de touches sont activées. Au mieux on a 5 touches activées. Ces démarches sont tout ce qui est lean management (RSE ), le management par la bienveillance, les modèles sociocratiques (intelligence collective) et les entreprises libérées (modèle coopératif).

Smart-Tao, Tao-Projet, Business-Sens, vous proposez de nouveaux outils aux managers dans une approche holistique, sont-ils prêts à aller dans ce sens ?
Si chaque auteur devait se préoccuper de la façon dont son art va être reçu du public je pense que l’art n’aurait pas évolué. L’idée est de raisonner en terme d’utilité et de sens. Les entreprises qui gagnent comme Google ou Facebook sont celles qui proposent à chacun des salariés un projet qui donne envie, qui est constructeur de sens à l’échelle de l’entreprise, de la planète et de son échelle individuelle. On peut être d’accord ou pas avec les modèles de société proposés, mais si autant de personnes veulent travailler au sein de Google, c’est aussi parce que Google propose à ses salariés que 20% de leur temps soit consacré à un projet qui soit utile au monde. Ces entreprises sont des fabricants de sens. Et aujourd’hui c’est d’autant plus important que le politique est déconsidéré.

Quel accueil recevez-vous en Midi-Pyrénées ?
Je démarre mais je suis déjà sollicité par des entreprises, plutôt des grandes. Certaines me disent « je dois répondre à un appel d’offres public et je veux me différencier, dites-moi ce que vous pouvez m’apporter avec votre »performance globale dans l’harmonie« , qui soit susceptible d’attirer l’attention des élus auxquels je m’adresse ». C’est intéressant car l’entreprise devient alors acteur du changement et facteur d’influence du décideur politique.
Propos recueillis par Aurélie de Varax
Sur la photo : Laurent Chateau. Un pont entre performance et harmonie. Photo Hélène Ressayres.

Quelques chiffres pour comprendre les enjeux (Source : Tao&Organisation)

  • 1 salarié sur 3 seulement se rend avec plaisir au travail.
  • 1 salarié français sur 2 ne trouve plus de sens d’aller travailler alors que plus de 80% pensent que le travail est une des clés de l’identité personnelle.
  • 20% seulement des salariés américains voient un lien entre leur action et les objectifs poursuivis par leur employeur.
  • 40% des salariés se déclarent stressés et tendus mais 60% en présentent les symptômes. 70% des cadres.
  • Selon l’OMS, les états dépressifs et autres burn-outs représenteront dans le monde, la première cause d’absentéisme professionnel en 2020 devant les accidents du travail.