La crédibilité de l’Anses questionnée par son propre conseil scientifique | EntomoScience | Scoop.it
Dans un rapport sur l’Agence nationale de sécurité sanitaire, les experts indépendants s’inquiètent du « décalage entre science et expertise » au sein de l’institution et préconisent une réforme de son fonctionnement.

 

Par Stéphane Mandard

Publié aujourd’hui à 05h00, mis à jour à 09h54

 

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NDÉ

Le rapport

 

 

Extraits

 

"... Le GT a abordé la question de la crédibilité de l’expertise, c’est-à-dire du degré de confiance dont elle bénéficie, à partir d’une approche de retour d’expérience sur trois études de cas ayant fait l’objet de controverses à des degrés divers (glyphosate, SDHI, néonicotinoïdes) et de l’examen des facteurs qui déterminent la crédibilité de l’expertise par une analyse de la littérature et par une trentaine d’auditions. Les données ont été examinées selon quatre axes :


- le décalage entre les connaissances scientifiques disponibles et celles utilisées pour les trois expertises,

- les procédures,

- le décalage entre les conclusions de l’expertise et les attentes des parties prenantes et enfin,

- l’impact socio-économique de la mise en œuvre des mesures de gestion des risques."

(...)

 

Les structures de dialogue avec les parties prenantes – un problème de communication en interne ?


De longue date, l’Anses a signé la charte d’ouverture de l’expertise à la société. Ainsi, en complément des différentes mesures assurant la transparence de ses expertises, l‘Anses a pris plusieurs initiatives visant à associer différentes parties prenantes à ses travaux - sans qu’il s’agisse toutefois de coproduction d’expertise. Ainsi, des parties prenantes sont régulièrement auditionnées par les GT dans le cadre des expertises collectives de l’Agence.


De même, plusieurs comités de dialogue ont été créés, assez systématiquement sur des sujets considérés comme sensibles : nanomatériaux, radiofréquences, et, très récemment, biotechnologies. Une plate-forme dédiée aux produits phytosanitaires a également été instituée. Le but de ces dispositifs est d'informer les parties prenantes sur les travaux scientifiques menés par l’agence tout en recueillant leurs attentes et questions. Dès sa création, l’agence a mis en place cinq comités d’orientation thématique (COT) couvrant ses principaux domaines d’activités. Ces instances consultatives ont vocation à épauler le conseil d’administration dans l’expression des besoins en termes d’évaluation des risques et de recherche, et la définition des orientations stratégiques de l’Agence, en lui faisant remonter les préoccupations dominantes de la société civile dans les domaines de compétence de l’Anses.


Au-delà des parties prenantes, il faut également signaler le lancement récent de réflexions et projets autour des recherches participatives au sein des laboratoires de l’Agence.


La mise en place des structures de dialogue avec les parties prenantes est assez peu citée dans les entretiens. Quand elle l’est, c’est généralement pour souligner l’importance de ces
initiatives pour la crédibilité de l’expertise.


« Depuis quelques années, il y a ce qu'on appelle l’inter-COT où il y a tout de même une volonté de transversalité au sein de l'agence, dans l'interaction avec les parties prenantes. C’est peut-être déjà une première étape, mais je pense que l'on pourrait faire davantage sur la contextualisation. (...) Je disais tout à l'heure que, très tôt, il y a eu cette expression, le comité de dialogue des parties prenantes qui a expliqué comment le processus allait se dérouler. Dans ce comité, je pense que n'importe quelle partie prenante, d'ailleurs, peut soulever des questions et donc demander à ce que tel ou tel point soit clarifié. » (partie prenante)

 

« Par exemple, sur le sujet des champs électromagnétiques et de la téléphonie mobile, nous avons discuté avec les personnes de notre comité de dialogue de problématiques  méthodologiques, nous avons régulièrement rendu compte des étapes de notre travail. Ne pas donner de résultats, mais dire d’emblée comment on va travailler, comment on sélectionne ou analyse la  bibliographie par exemple, c’est très important pour les parties prenantes de façon à ce qu’elles puissent donner leur point de vue, et fournir aussi des éléments qu’elles jugent importants pour l’expertise et qui n’auraient pas été pris en compte par les experts. » (responsable Anses)

 

 

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